Le sous-marin de Brutus - Poisson de Métal

Au large de Noirmoutier, un bateau se prenant pour un poisson a fait son apparition. Petit plongeon. Plouf, voilà qu'est né le premier sous-marin. Il n’était pas jaune doré, comme celui des Beatles mais argenté, fabriqué de métal. Grâce aux cuisses musclées de plusieurs hommes, il parvint à pédaler en dessous de la surface. Indétectable, il s’amusait à semer les petites barques qui tentaient de le suivre. Un avenir radieux se présentait au poisson métallique qui, bientôt, partit pour l'Amérique. Mais comme tout bébé très ingénieux, il fut rapidement utilisé à d’autres fins que celle de jouer à celui qui resterait le plus longtemps sous l’eau.

Brutus-Amédée de Villeroi, son créateur, a plongé pour rencontrer les nymphes des fonds marins inaccessibles jusqu’alors. Une vie incarnée pour explorer les contrées sous-marines. 

Imaginons un instant que des destinées attendent d’être vécues dans le couloir des opportunités et que les âmes piochent la vie comme un lot gagné à la fête foraine. Ce sera le requin bleu pour moi et toi ? Le dragon rose. 

Le futur ingénieur mélomane, capable de concevoir un bateau poisson et jouer de la lyre, a choisi le 6 juillet 1794 à Tours pour voir le jour.

Tantôt Brutus, tantôt Amédée, ses 2 prénoms l’ont conduit vers 2 aventures parallèles, celle de la musique et celle de l’ingénierie sous-marine. Quand Brutus proposait ses premiers engins submersibles, Amédée jouait pour les sirènes du large. Un artiste ingénieur, sensible et créateur.

L’ingénierie œuvre souvent à des fins militaires. Jules Verne a opté pour l’imaginaire poétique conté, grandement inspiré par Mr de Villeroi l’un de ses professeurs. Brutus, lui, a choisi la Navy comme terrain de jeux, pour le perfectionnement de son bateau poisson. Même si le premier sous-marin de Brutus se voulait sauveteur, surprendre l’ennemi s’est révélé rapidement plus intéressant pour les investisseurs. Privilégier la guerre à l’exploration scientifique salvatrice. Le vaisseau poisson, paré pour entrer dans la bataille, n’aura, malgré tout, jamais l’opportunité de la mener, car coulé avant l’attaque.

Effort de guerre ou effort de paix. La paix ne devrait pas avoir à faire la guerre pour exister. C'est un trop long détour. Elle mérite, elle aussi, les intelligences, les stratégies, les raccourcis, les trajectoires directes des rêves d’hommes poissons, les pompes et tractions mentales nécessaires à franchir les obstacles qui mènent à la bonne résolution. 

Quel dommage qu'elle ne rapporte pas, quand elle apporte tant. De tous temps, le financement du vivant convainc peu les magots démago, mais ne riez pas trop, gente armée aux ambitions guerrières, vos têtes perdues reviendront à la raison pour servir les intérêts populaires. In fine, les feux d’armes s’éteindront au profit des feux de joie. Brutus-Amédée le souhaitait en tout cas, avec son poisson de métal.

Peggy S