"J’ai la chance de ne pas être scientifique..."
(B.W.)
Noël 2020. Je participe chez un ami, à un cercle d’échange aléatoire de cadeaux. Chacun devant amener un objet lui appartenant à offrir à la personne que le sort désignerait. Des chiffres sont lancés au hasard, quelques tours dans un sens puis dans l’autre : mon cadeau est une pierre bleue turquoise. Elle est montée en pendentif, c’est une Larimar. Elle est belle, harmonieuse, de forme ovoïde et m'apparaît familière. J'avais fait des recherches le mois dernier sur elle, Edgard Cayce et les Atlantes.
La personne m’ayant offert cette pierre, se rapproche de moi pour échanger sur son histoire. Nous évoquons certains rêves, quelques possibles vies antérieures et nos lectures marquantes. Je cite Bernard Werber parmi les auteurs que j’affectionne et le garçon me demande si j’ai lu "La Boîte de Pandore ". Si ma réponse est non, il me le conseille fortement.
Peu de temps après, alors que je flâne devant le rayon Poche d’un supermarché, je tombe sur la fameuse "Boîte de Pandore". Il est le seul livre disponible de cet auteur dans le rayon. Le titre brille plus que les autres grâce à une impression en relief, choix très judicieux pour le sortir d’une étagère bien austère. Sans hésiter, je l’achète et en commence la lecture quelques jours plus tard.
Je l’avale en un éclair. Impossible de réfréner cette boulimie de la page suivante. Ce livre ravive des sensations, des mémoires, des vies où mon psychique, à ce moment-là, m’autoriserait peut-être à plonger.
Je recroise mon ami, hôte de Noël, et lui confie mon intérêt pour l'œuvre de Bernard Werber et plus particulièrement, l’exaltation pour ce livre fraîchement découvert. Il me fait part alors d’un podcast créé par sa sœur, où l’auteur y fût invité. Il me fait parvenir le lien qui, selon lui, devrait certainement prolonger mon enthousiasme sur le sujet.
Revenue à la maison, j'écoute ledit podcast puis poursuis avec un autre sur le "voyage intérieur" proposé par la Werber Company. Je me prête au jeu car l’idée d’une « exploration temporelle ludique » me parle tout simplement. Je comprends aussi que nous ne sommes pas dans une proposition thérapeutique et c’est tant mieux.
Suivant les instructions du « commandant de bord », j’entreprends la descente de l’escalier. Marche après marche, j'arrive devant une porte dite du subconscient. Elle n’oppose aucune résistance et mon chat, à cet instant précis, par un miaulement incisif, me confirme que je peux y aller.
J’entre dans le couloir de mes vies… mes vies ? Je vois des portes. C’est encore un peu flou mais elles sont bien là, numérotées. Je demande à voir celle de la vie où j’ai été la plus heureuse.
Une porte s’éclaire. Un numéro s’affiche, c’est le 67.
Je suis immobile face à elle, la porte s’ouvre.
En abaissant le regard en direction de mes mains, je les découvre soudainement poilues, épaisses : ce sont celles d’un homme à la peau mate, d’une quarantaine d’années. Mon regard continue sa descente le long de mes jambes toujours masculines, j’y aperçois ce qui ressemble à des spartiates. J’entends ensuite, chuchoté dans mon oreille interne...Julius ou plutôt Tullius. Oui ! Tullius ! Puis...Cicéro...Cicéro ?
Je lève la tête. Je suis à Rome aux abords d’une arène gigantesque, sous un soleil de plomb.
Je me trouve près de la piste et il semblerait que César soit présent. César ? Je ne le vois pas. Il est probablement assis bien plus haut dans les gradins et à l’opposé de là où je suis.
La voix de Bernard Werber continue de guider le voyage et me demande de choisir un objet avant de repartir.
L’exploration temporelle arrive bientôt à son terme.
C’est une arme que je prends, un glaive, bien que je ne sois pas gladiateur. Je repars avec l’arme et, comme me l'indique la voix, la dépose délicatement devant la porte 67.
Je poursuis en direction de la porte principale, la franchis, la referme soigneusement et remonte une à une les marches de l’escalier en colimaçon.
J’ouvre les yeux, c’est la fin du podcast.
Je tape sans attendre sur les touches de mon clavier d'ordinateur : C-I-C-É-R-O.
Je découvre que son prénom est Tullius (précédé de Marcus), chose que j'ignorais avant cet épisode, tout comme l'absence du "n" à Cicéro. Je vois aussi qu’il est né un... 3 janvier. Comme moi. Un frisson me traverse. J’avais - pour ajouter à ces informations troublantes, également relevé lors de mes précédentes recherches sur les coïncidences et synchronicités de ma vie, qu'Edgard Cayce était décédé un autre 3 janvier… 1945, année de naissance de mon père.
Je parcours rapidement la vie de Cicéro(n), tout du moins de ce que l’on en sait. Je m’arrête sur le deuxième point qui m’interpelle : la justice et le droit.
Son premier emploi fut celui de magistrat qu’il exerça d’abord dans une ville appelée "Lilybée". Autre surprise encore. Je suis moi-même, depuis 3 ans, installée dans une maison que j’ai baptisée "Lullaby".
De plus, je me suis essayée, après l’obtention du Baccalauréat économique et social, à un passage furtif en faculté de droit. Furtif, oui, lorsque j’ai compris qu’il me faudrait apprendre par cœur, des listes entières de numéros de lois auxquelles je n’adhérais pas toujours. Et ce avant de tenter de défendre des causes (trop souvent) perdues d’avance.
Plutôt qu'une licence, je décide d’acheter un billet d'avion : direction l'autre bout du monde !
C'est après une renaissance sur le continent australien, que la musique et l'écriture se sont révélées bien plus cohérentes, pour braquer le projecteur sur les injustices du monde. Un biais artistique cousu de mes convictions.
Retour dans le jardin de Lullaby. Deux branches d’arbre forment une parfaite couronne de César. Elles me ramènent sur le chemin de ces coïncidences. Je retrouve nombre de mes mots dans les écrits de Cicéro(n) ou encore de ses phrases, dans mes notes jetées sur des cahiers alors que je n'avais jamais rien lu de ses œuvres.
Quel sens trouver pour relier les vies, le temps, les mots ? Ne sommes-nous pas tous porte-parole du passé, gardiens de l'avenir mis en péril par nos amnésies ?
J’étais une petite fille timide, malmenée par un prénom évocateur d’une cochonne. Adulte, je continue de rougir mais je suis bien à l’aise finalement pour m’exprimer devant un public, sans avoir jamais été aiguillée dans ce domaine. Cette force, ferveur, audace à livrer ce qui me tient à cœur, peut-elle venir de cette présumée incarnation antérieure ?
Cicéro(n), orateur, exceptionnel plaideur de justice et philosophe a laissé bon nombre d’écrits. Il me plaît bien cet homme. Et j’adorerais lui demander ce qu’il pense de ces cahiers que je remplis depuis l’adolescence, sur le sens de la vie, de l'être. Et de ce premier livre aussi, que j’ai intitulé "La nuit je vole", joyeux mélange de réflexions diverses attribuées aux aventures d’une héroïne à la queue en tire-bouchon. Je le vois sourire.
La dérision, le recul nécessaire face à l’insensé qui nous met en danger, l’égo qui se croit beau, fort et intelligent à perpétuer tout ce qui tue. Sans nos actions “gouttes d’eau” dans la mécanique quantique du monde, n’existe aucun océan vivant.
Il est préférable de prendre sérieusement la vie au second degré et j’ai compris que je ne pourrai pas plaire à tout le monde. Dans ce cas, au risque de chiffonner et me tromper, cela me plait bien de cicéronner.
À moins de retrouver quelques témoins dotés d’une excellente mémoire prénatale, je ne peux affirmer la véracité de ce chemin karmique.
Mais comme le disait Bernard Werber dans le fameux podcast, "j’ai la chance de ne pas être scientifique et de ne pas avoir à prouver ce que j’avance".
Merci à François Violet pour sa relecture, ses propositions allégées et la mise en forme aérée.
Si vous souhaitez vous aussi voyager avec Bernard voici le lien du voyage intérieur :
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